ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FNPL À NANTES Les éleveurs en manque de repères
Devant une hausse du prix du lait qui se fait attendre, les producteurs s'interrogent sur leur place dans la fi lière. Ils en appellent aux politiques
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Les producteurs de lait ont la gueule de bois. La hausse exceptionnelle des charges est insupportable pour certains systèmes de production. « Nos trésoreries sont exsangues, des collègues sont prêts à tout bazarder et les jeunes hésitent à s'installer. Il faut faire cesser cette souffrance », a résumé le président Thierry Roquefeuil dans son discours de clôture. S'ajoute un fort sentiment d'impuissance des éleveurs dans leur filière. « Recevoir les restes quand tout le monde s'est payé n'est plus tenable », a fustigé Xavier Beulin, président de la FNSEA.
L'actualité amenait nécessairement à pointer du doigt la grande distribution qui a été intraitable dans les négociations sur les marques. Intervenant en vidéo, le P.-D.G. de Système U a admis que la loi de modernisation de l'économie (LME) devait être revue, notamment pour mieux protéger les PME. « Pour sortir rapidement de l'ornière, faire payer 2 à 3 centimes de plus au consommateur sur le litre de lait devrait être possible. À condition que tout le monde le fasse et que cela bénéficie aux producteurs. » Mathieu Pecqueur, représentant de la distribution, ne s'est pas avancé sur ce sujet mais avertit qu'elle ne rognera pas sur ses marges « Faire payer le consommateur, c'est risquer des baisses de consommation dommageables pour nous tous. »
La négociation sur les marques étant close, Hervé Bonnard, trésorier de la FNPL, propose d'amener de la valeur ajoutée sur les MDD et premiers prix en utilisant l'étiquetage « Éleveur laitier de France » qui garantirait une juste rémunération au producteur. Le ministre a semblé attentif à cette proposition, souhaitant notamment qu'un travail s'engage pour améliorer les relations contractuelles, particulièrement sur les MDD, « de façon à rendre possible la répercussion des hausses de coût de production sur les prix de vente ». Idem pour la LME qu'il juge amendable dans ce sens.
Introduire des indicateurs de coût de production dans les clauses du contrat entre producteurs et transformateurs est une autre promesse du ministre. Elle fait suite au groupe de travail « lait », organisé par le ministère, qui a planché sur l'évolution du décret. Il propose aussi une meilleure protection des JA avec des contrats de sept ans au lieu de cinq, et des conditions de résiliation à leur avantage. Enfin, le recours systématique au médiateur permettrait de renforcer le pouvoir des producteurs en cas de litige, en particulier pour les clauses de sauvegarde.
Envisager une seule OP par bassin
Le groupe de travail a aussi abordé la question de la massification de l'offre. Le ministère a mis sur la table la possibilité de n'agréer qu'une seule OP par bassin (voir ci-contre). Une proposition qui froisse la FNPL, très impliquée dans la création d'OP par laiterie. À Nantes, Stéphane Le Foll aurait entendu cette crainte, assurant que la structuration des OP « se fera étape par étape ». Reste à savoir ce que cela signifie. À plus long terme, un soulagement des éleveurs pourrait venir de la nouvelle Pac qui proposera un recouplage des aides. Avant cela, il faudra passer par les fourches caudines du verdissement et de la convergence. Pour la FNPL, « seule une aide couplée à la vache laitière permettrait une juste répartition des soutiens ».
DOMINIQUE GRÉMY
Pour la future Pac, le président Thierry Roquefeuil attend du ministre une aide couplée à la vache laitière. © D.G.
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